La promesse de l'aube, par Romain Gary

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Roman autobiographique illustrant jusqu’à la caricature l’amour et l’emprise d’une mère sur son fils, et l’attachement inconditionnel de ce dernier à celle-ci.
 

Romain vit seul avec sa mère, Nina, d’ascendance russe et juive, mais surtout femme universelle, qui mise tout sur sa seule progéniture, masculine de surcroît, entourant Romain d’une telle sollicitude que celui-ci ne pourra jamais l’oublier ni même s’en détacher, en particulier dans ses relations avec les femmes. Négligeant toute modération, toute mesure, tout sens critique, elle promet à son fils à peine pubère les plus grandes consécrations professionnelles ou littéraires. Nourrissant de folles ambitions non fondées pour lui, elle clame : « Tu seras d’Annunzio, tu seras ambassadeur ». Comment être autre chose, avec de telles prophéties ?
De Wilnö (Vilnius en Lituanie) à Nice en passant par la Pologne, Romain fait son chemin, ainsi investi. S’il ressent parfois les attentes de sa mère de manière pesante, inappropriée, il ne remet pas en question l’amour qu’il a pour elle en retour. Sensible à son courage, à sa créativité, à son sens aigu du sacrifice, notamment dans les moments de grand dénuement, attentif à son besoin de le protéger de la façon la plus partisane, Romain pousse sous son aile et s’attache à réaliser les désirs qu’elle exprime. Il a quatorze ans quand ils arrivent en France, le pays de la liberté, de la culture et de l’abondance.
Romain fera des études (de droit), écrira des nouvelles puis  des romans, deviendra aviateur et s’engagera dans la résistance aux nazis pendant la seconde guerre mondiale, et sera ambassadeur. Son attachement à sa mère ne faillira pas, même s’il peut lui arriver d’être gêné par cette pasionaria exubérante qui n’a honte de rien, qui ne craint personne.
Que dire de ce roman que beaucoup qualifient de chef d’œuvre, portant au pinacle cette relation passionnelle entre une mère et un fils, entre un fils et sa mère ? C’est précisément ce qui m’a gêné au long de la lecture de ce livre. Je dirai que c’est lié à mon histoire, à des personnes de mon environnement proche, au gâchis que je peux observer autour de moi, et que je mets sur le compte de relations parents-enfants dépourvus de distance, de lucidité, de sagacité, de clairvoyance, de pédagogie. On s’éloigne dès lors de la littérature, le sujet psychologique écrasant l’objet littéraire... Alors que celui-ci a sa beauté !
Cela étant, l’auteur aurait pu mettre l’accent sur le seul personnage de Nina, la mère, femme véritablement exaltante, une « nature » comme on n’en voit plus ! Un autre roman !

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