Beaumarchais, un aventurier de la liberté, par Érik Orsenna

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Biographie d’un homme exceptionnel, réalisée par un auteur qui, probablement pour ne pas ennuyer le lecteur, a survolé la vie et l’œuvre de ce personnage. Un livre léger, vite lu, vite oublié !
 

Fils d’un horloger parisien, Pierre-Augustin Caron est rongé par deux ambitions : gravir au plus vite les échelons du corps social, s’impliquer dans de multiples activités pour son plaisir, la gloire et l’argent. Découvreur génial il invente un mécanisme d’horlogerie, l’échappement et cela le fait connaître et apprécier. Devenu Beaumarchais après un mariage de courte durée et un droit sur un terrain, d’ailleurs contestable, il se découvre une vocation d’homme d’affaires et de financier, achète une charge de secrétaire du roi, devient lieutenant général des chasses, et s’institue professeur de harpe auprès des filles de Louis XV. Parti à Madrid, ses tentatives pour conclure des contrats commerciaux mêlant Louisiane et traite négrière échouent, mais l’Espagne l’inspire et fera naître sa véritable vocation, écrivain. Ce séducteur en diable profitera de son charme pour aguicher tout ce qui se trouve sur son chemin, tout en cherchant le mariage qui lui profitera. Il se marie pour la seconde fois, perd ses enfants puis son épouse et se retrouve avec un héritage considérable qu’on lui contestera. Il part alors à Londres, véritable agent secret du roi pour démêler une affaire où est mise en cause Madame du Barry, favorite de Louis XV.
Londres, les Pays-Bas, l’Autriche, la guerre d’indépendance des États-Unis où, soutien de la Révolution américaine, il cherche à devenir armateur et négociant en armes et munitions, chacune de ces aventures est un semi-échec ou un échec complet, mais qui n’entame jamais sa détermination.
En fait, Beaumarchais écrit, il écrit depuis longtemps sans être reconnu. il le sera quand “Le Barbier de Séville“ rencontre le succès après avoir été joué à la Comédie Française. Mais devant la faiblesse de ses émoluments, il s’attaque au droit d’auteur, à l’origine de la loi Le Chapelier votée à la Révolution. “Le mariage de Figaro“ (ou “La folle journée“) ne rencontrera pas le même succès immédiat car la pièce sera censurée. Trop critique par rapport aux institutions royales.
Ainsi vécut Beaumarchais, homme d’affaires se mouillant dans de multiples affaires et coups plus ou moins tordus, oscillant entre des périodes fastes de grande richesse, et des échecs, des retournements de situation, des mises à l’écart. Outre ses extravagances, il œuvra à sa réputation littéraire et il reste de lui des écrits et des pièces de théâtre (une trilogie) qui justifient une réputation d’agitateur rebelle, “d’aventurier de la liberté“, qui ont servi in fine à décrédibiliser la royauté, et à le faire admettre comme un révolutionnaire... avant d’en être écarté et de devoir s’exiler.
Érik Orsenna parvient à nous faire sentir le côté démesuré, lumineux, baroque du personnage, mais reste en deça d’une réelle biographie par son parti pris de légèreté, de relation superficielle des faits, voire d’évocation inappropriée de son expérience au sein du pouvoir.

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