José SARAMAGO, un auteur à découvrir

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J'ai découvert José Saramago il y a quelques mois. C'est pourtant un Prix Nobel, qui date un peu certes (1998), mais qui gagne à être connu, ne serait-ce que parce qu'il a été condamné par l'Église pour son livre "L'Évangile selon Jésus-Christ" et c'est de ce petit régal qui égratigne la Religion et ses serviteurs, dont je voudrais parler.

À propos, l'auteur est un Portugais, mort il y a quelques années (en 2010).

J'avais publié un commentaire sur Babelio dont je reprends le texte en l'adaptant et l'enrichissant un peu.

L'Évangile selon Jésus-Christ, par José Saramago (1991). Je ne me doutais pas qu'il puisse exister un tel potentiel de jouissance littéraire, une telle jubilation à écrire et à lire. Et sur un sujet qui a priori n'évoque pas la distraction ou le divertissement. L'évangile selon Jésus-Christ, c'est l'histoire librement adaptée du fils de Joseph le charpentier et de Marie, mais aussi Fils de Dieu, lequel, ayant mélangé sa semence à celle du concepteur humain de Jésus, est sûr que c'est la sienne qui a généré le divin enfant.

L'intrigue mêle dès lors plusieurs niveaux ou thèmes, entre la culpabilité de Joseph qui s'en veut de ne pas avoir empêché le massacre des Innocents par le roi Hérode (il s'est lâchement enfui en Égypte quand il a eu l'info, sans prévenir quiconque), et les rêves "héréditaires" du père et du fils nourrissant cette culpabilité, entre l'apparition de l'Ange annonciateur à Marie dont elle se demande s'il n'est finalement pas le Diable, lequel joue un rôle non négligeable de berger initiateur, mais un rôle occulte dans l'histoire de Jésus, et les interventions de Dieu lui-même, ce débatteur qui est toute puissance, mais aussi interrogation et doute, entre les miracles (ou tours de passe-passe), et les faits et gestes des apôtres. Et puis, et surtout, il y a l'histoire d'amour fou, physique et spirituel, inconditionnel en tous cas, entre Jésus et Marie-Madeleine.

Ce livre, très beau, très fort, très drôle, magique, peut-être d'essence "fantastique", a été interdit à sa sortie au Portugal, comme blasphématoire, et on le comprend. Récit historique et fiction tordant la réalité se mêlent, se mélangent à des discussions, assertions, sentences psychologiques ou philosophiques qui dessinent au final un vrai festin littéraire. La fable, le merveilleux et l'ironie ne sont pas loin, l'allégorie et la parabole sont partout.

Un mot sur le style très particulier de l'auteur, et qui concourt à la beauté du texte : des phrases longues mais simples, des virgules, peu de points, des dialogues sans tiret, juste ponctués par des majuscules au début des tirades dans les dialogues. Cela pourrait repousser. Au contraire ce style poétique et musical, amusé et distancié, accroche.

B. GEIDEL

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